14
L’antrige
Si le gardien du tunnel était mort et mouillé, c’était probablement un antrige, et il devait y avoir de l’eau à proximité. J’avais lu quelque chose sur ces créatures dans le Bestiaire de l’Épouvanteur. Ils étaient peu nombreux, mais très dangereux. Des sorcières les avaient créés en emprisonnant, grâce à la magie noire, l’âme d’un marin mort dans son cadavre. Le corps ne se décomposait pas, mais gonflait et acquérait une force surhumaine. Les antriges étaient généralement aveugles, leurs yeux ayant été mangés par les poissons, mais ils avaient l’ouïe très fine et repéraient une victime sur la terre sèche même en restant sous l’eau.
Comme je m’apprêtais à emboîter le pas à Mab, Alice me fit signe d’attendre et passa devant moi. Visiblement, elle avait une idée en tête. Je lui cédai la place, en espérant qu’elle savait ce qu’elle faisait.
Nous marchâmes longtemps ; le tunnel n’en finissait pas. Puis Mab ralentit et s’arrêta tout à fait :
— Je n’aime pas ça. Il y a de l’eau, pas loin. L’endroit n’est pas sûr, je le sens…
Je me pressai contre Alice, de sorte à voir par-dessus l’épaule de Mab. Je m’étais attendu à trouver une rivière souterraine que la jeune sorcière n’aurait pu traverser. Au lieu de ça, la galerie s’élargissait, formant une vaste caverne ovale qui renfermait un petit lac. L’eau léchait les parois de la caverne, laissant seulement, à notre gauche, un étroit passage boueux, en pente, qui me parut fort glissant.
Ce lac avait un aspect inquiétant. Sombre, couleur de vase, il semblait profond, et des rides y couraient comme si un souffle de vent agitait sa surface. Or, ici, sous terre, l’air était parfaitement immobile. Qu’est-ce qui se cachait là-dessous ?
Mab avait flairé « quelque chose de mort et de mouillé ». Était-ce vraiment un antrige ?
— On ne va pas rester cloués là, Mab, lança Alice d’une voix enjouée. Moi non plus, je n’aime guère cet endroit. Alors, plus vite on sera passés, mieux ce sera !
La jeune Mouldheel, nerveuse, s’aventura sur le sentier fangeux. À peine avait-elle avancé de quelques pas que ses pieds nus dérapèrent. Elle perdit l’équilibre et se raccrocha de justesse à la paroi. La flamme de la chandelle vacilla et faillit s’éteindre.
— Hé, vas-y mollo ! se moqua Alice. Ça ne me semble pas une bonne idée de prendre un bain là-dedans. Tu aurais dû prévoir une bonne paire de souliers. Moi, je n’aimerais pas sentir cette bouillasse s’introduire entre mes orteils. Tes pieds vont puer comme jamais.
Mab se retourna, la lèvre retroussée de colère. Elle s’apprêtait à répondre vertement quand une grande main blême, exsangue et bouffie, jaillit soudain hors de l’eau et se referma sur sa cheville. Elle vacilla et, avec un cri de cochon qu’on égorge, tomba dans l’eau, envoyant autour d’elle de grandes éclaboussures. L’estomac à l’envers, je la vis s’enfoncer en hurlant de terreur. Si Alice ne s’était pas tenue entre nous, je lui aurais tendu mon bâton pour qu’elle s’y agrippe. Laisser l’antrige l’emporter ainsi était trop horrible.
Mab se cramponnait toujours à sa chandelle, mais, à force d’agiter les bras, elle allait la plonger dans l’eau d’une seconde à l’autre. Nous serions alors dans le noir complet, incapables de voir de quel côté surgirait le danger.
La même pensée avait traversé l’esprit d’Alice. Agile comme un chat, elle bondit, arracha la bougie de cire noire des mains de la sorcière. Puis elle recula et regarda celle-ci sombrer lentement.
— Sauve-la, Alice ! criai-je. Personne ne mérite une telle mort !
Elle eut un temps d’hésitation, puis, avec un haussement d’épaule, elle se pencha et saisit Mab par les cheveux.
La malheureuse hurla plus fort, autant d’effroi que de douleur. Il y eut un instant de lutte sauvage. Quelque chose s’efforçait d’entraîner Mab sous la surface ; Alice résistait et tirait dans l’autre sens. La victime allait-elle être déchirée en deux ?
— Utilise ton bâton, m’ordonna mon amie. Flanque-lui une raclée, qu’il reparte d’où il vient !
Je m’approchai autant que je pus sur le terrain glissant et pointai mon arme, à la recherche d’un endroit où frapper. L’eau brune bouillonnait, des vagues boueuses léchaient le sentier, et je ne distinguais rien. Je visai un point juste en dessous, estimai-je, des pieds de Mab. Je projetai mon bâton deux ou trois fois, de toutes mes forces. Aucun résultat. Alice perdait du terrain ; Mab était dans l’eau jusqu’aux aisselles.
J’essayai encore. Rien. Enfin, à ma huitième ou neuvième tentative, je touchai une masse dure. L’eau se souleva comme une houle, et, d’un coup, Mab fut libre. Alice la hala sur le bord.
— Ce n’est pas fini, Tom, me lança-t-elle. Tiens ça, et garde ton bâton prêt, au cas où cette chose reviendrait !
Je pris la chandelle qu’elle me tendait et la levai bien haut pour éclairer la surface brunâtre du lac, mon bâton pointé.
Alice tordit alors le bras de Mab derrière son dos et, cramponnant toujours de sa main gauche les cheveux de la sorcière, elle obligea celle-ci à s’agenouiller, lui plongeant presque la figure dans l’eau.
— Rends-moi ce qui m’appartient ! rugit-elle dans l’oreille de sa prisonnière. Vite ! Avant que cette créature ne t’arrache le nez !
D’abord, Mab se débattit. Puis, quand l’eau enfla de nouveau, elle glapit, affolée :
— Prends-la ! Prends-la ! Elle est à mon cou.
Alice relâcha sa prise et, de sa main libre, fourragea dans l’encolure de Mab. Elle en sortit à demi un bout de ficelle, qu’elle coupa avec ses dents et qu’elle brandit devant moi :
— Brûle-la !
En approchant la chandelle, je distinguai, nouée à la ficelle, une mèche de cheveux. Elle s’enflamma et se consuma avec un bref crépitement. Une légère odeur de brûlé flotta dans la caverne. Alice lâcha les restes carbonisés dans l’eau sombre.
Cela fait, elle remit Mab sur ses pieds et la poussa devant elle sur l’étroit sentier. Je les suivis, m’efforçant de ne pas glisser, surveillant le lac du coin de l’œil. Je vis soudain un remous agiter la surface. Dans l’ombre, non loin de la paroi opposée, une tête émergea. Les cheveux emmêlés sur le haut du crâne flottaient comme des algues. Le visage était blanc, gonflé, avec deux trous vides à la place des yeux. Lorsque son nez sortit de l’eau, la créature se mit à renifler à la manière d’un chien sur la piste d’un gibier.
Heureusement, nous étions hors d’atteinte, à l’entrée d’un nouveau tunnel. Mab, trempée, les vêtements à moitié arrachés, avait perdu toute son assurance. En revanche, depuis notre arrivée à Pendle, Alice n’avait jamais paru aussi contente d’elle.
Elle m’adressa un sourire triomphal :
— Il faudra remercier la vieille Maggie. Elle m’a prévenue qu’il y avait un antrige, là-dedans. C’est le gardien du sentier, il est bien dressé ; il ne toucherait pas à qui que ce soit ayant du sang Malkin dans les veines. Je porte le nom de Deane, mais suis à moitié Malkin par ma mère. C’est pour ça que je t’ai fait passer derrière, Tom. Mab, elle, était en grand danger.
— Tu m’as joué un sale tour, grommela Mab. Mais c’est de bonne guerre, je ne proteste pas. Du moment que je peux avoir les malles…
— Je t’ai repris ma mèche de cheveux, je ne proteste pas non plus, ironisa Alice. Seulement, tu n’auras pas les malles avant que la famille de Tom ne soit saine et sauve. Alors, si tu tiens à ta peau, plus d’entourloupe !
— En aucun cas je ne tromperai Tom, déclara Mab. Il m’a sauvé la vie. C’est une chose qu’on n’oublie pas.
— Il m’a sauvé la vie, l’imita Alice. Je l’y ai aidé, je te le rappelle, au cas où tu ne t’en serais pas aperçue !
Attrapant de nouveau la jeune Mouldheel par les cheveux, elle la poussa rudement devant elle.
Cette fille ne méritait pas d’être traitée ainsi. L’attitude d’Alice me déplaisait, et je le lui fis savoir. Pour toute réponse, elle grommela entre ses dents. Mais il n’était plus temps de se disputer : une porte en bois encastrée dans un mur de pierre se dressait face à nous : l’entrée de la tour Malkin.
Un loquet surmontait une serrure. Je confiai la chandelle à Alice, soulevai le loquet avec mille précautions et tirai. La porte résista. Elle était fermée à clé. Ce n’était pas un problème, grâce au passe-partout d’Andrew, qu’Alice avait récupéré. Quelle chance que le frère de l’Épouvanteur fût serrurier !
Sans lâcher Mab, Alice prit la chandelle entre ses dents, sortit la clé de sa poche et me la tendit. Je l’enfonçai dans la serrure, la tournai. La clenche coulissa.
— Prête ? soufflai-je en rendant la clé à Alice.
Elle acquiesça d’un signe de tête.
— Et plus de chamailleries, les filles ! ajoutai-je. Pas un bruit jusqu’à ce qu’on ait retrouvé les prisonniers et qu’on soit sortis d’ici !
— Et jusqu’à ce que j’aie mes malles, ajouta Mab.
Mais nous l’ignorâmes.
Je tirai prudemment la porte.
Elle tourna, révélant un trou d’ombre d’où montait une telle puanteur que j’en eus un haut-le-cœur. L’air était saturé d’une odeur de mort.
Alice fronça le nez, la mine dégoûtée, et leva la chandelle. Devant nous s’étendait un corridor bordé de portes de chaque côté. Des cachots. En haut de chaque porte s’ouvrait un judas garni de barreaux. Au bout du corridor, on apercevait une salle assez grande, sans porte. Jack et les siens étaient-ils dans un de ces cachots ?
— Surveille Mab, dis-je à Alice. Donne-moi la chandelle, je vais inspecter les cellules…
J’approchai ma lumière du premier judas. La pièce paraissait vide. La seconde avait un occupant : un squelette couvert de toiles d’araignée, encore vêtu des lambeaux d’une chemise et d’un pantalon, les bras et les jambes fixés au mur par des chaînes. Le prisonnier avait-il été abandonné là, jusqu’à mourir de faim ? Cette idée me fit frissonner. À cet instant, une mince colonne de lumière éclaira le squelette, et un visage anxieux se dessina au-dessus.
La face grimaça comme si elle tentait de parler, n’émettant en guise de mots qu’un vague gémissement. Le prisonnier ne savait pas qu’il était mort. Il était toujours là, dans ce cachot, souffrant comme en ses derniers jours d’agonie. J’aurais voulu le soulager, mais j’avais plus urgent à faire. Combien d’autres fantômes hantaient-ils ces souterrains, dans l’attente d’une délivrance ? Cela prendrait des heures et des heures de parler à toutes ces âmes tourmentées pour les convaincre de partir dans l’autre monde.
J’examinai chaque cachot. Aucun d’eux n’avait été utilisé depuis bien longtemps. Il y en avait seize en tout, et sept contenaient des ossements. Quand j’atteignis le bout du corridor, j’écoutai attentivement. Je n’entendis qu’un léger bruit d’eau tombant goutte à goutte. Ayant fait signe à Alice de me rejoindre, j’attendis que les deux filles fussent à mes côtés pour entrer dans la grande salle. La lumière de la chandelle n’éclairait pas les coins les plus reculés. De l’eau coulait du plafond sur les dalles, l’atmosphère était humide et glaciale.
C’était une vaste pièce circulaire qui, au premier regard, semblait inoccupée. Au fond s’ouvrait un autre corridor, semblable à celui que je venais d’explorer. Des marches de pierre s’élevaient le long du mur jusqu’à une trappe, qui devait donner accès à l’étage supérieur. Cinq épaisses colonnes soutenaient le haut plafond, chacune d’elles équipée de chaînes et d’anneaux. Je remarquai également un brasero empli de cendres froides et une lourde table où reposait un assortiment de pinces et d’autres instruments.
— C’est là qu’ils torturent leurs prisonniers, dit Alice, et sa voix résonna lugubrement dans le silence.
Elle cracha sur les dalles :
— C’est un malheur d’être née dans une telle famille…
— Oui, fit remarquer Mab. Un garçon devrait choisir ses relations avec plus de discernement. Si c’est une sorcière que tu veux pour amie, Tom, il y a des familles plus dignes de toi.
— Je ne suis pas une sorcière, grommela Alice.
Et elle tira les cheveux de Mab assez durement pour lui arracher un cri.
— Ça suffit ! soufflai-je. Vous voulez les avertir de notre présence ?
Les filles prirent un air contrit et cessèrent leur querelle. Je regardai autour de moi, frémissant à la pensée de ce qui avait dû se dérouler entre ces murs. Le froid coulait par vagues le long de mon dos : bien des suppliciés qui étaient morts ici hantaient encore ces lieux.
Il restait l’autre corridor à visiter. Les miens étaient sûrement là, dans un de ces cachots. Après ce que j’avais vu dans les seize premiers, je m’attendais au pire.
— Je ne peux négliger aucune cellule, dis-je à Alice. Ça va prendre un moment…
Elle approuva de la tête :
— Bien sûr, Tom. Mais, comme il n’y a qu’une chandelle, on t’accompagne.
À peine avait-elle fini de parler qu’un rire grossier éclata au-dessus de nos têtes, celui d’un homme, suivi d’un gloussement de femme qui s’acheva sur une note aiguë. Nous nous figeâmes. Cela venait de derrière la trappe. Des Malkin descendaient-ils dans les cachots ?
À ma grande stupeur, Mab brisa le silence, sans même prendre le soin de baisser la voix :
— N’ayez pas peur ! Ils ne viennent pas ici, pas maintenant, je peux vous l’assurer. J’ai un certain talent pour la scrutation. Tu perds ton temps, Tom. C’est là-haut que tu trouveras ta famille.
D’un geste, elle désigna le plafond.
— Pourquoi te croirait-on ? siffla Alice. La scrutation, hein ? Et l’antrige, tu l’avais scruté, peut-être ?
Je me désintéressai de leur prise de bec. Alice m’avait dit que Mab tenait toujours parole. Peut-être. Néanmoins, je voulais me rendre compte par moi-même, et il était évident que des sorcières se tenaient à l’étage au-dessus. Aussi, le cœur lourd, j’entamai un examen systématique de la deuxième série de cachots. Je restais aux aguets, m’attendant à tout instant à entendre la trappe s’ouvrir et à voir les Malkin dévaler l’escalier pour se saisir de nous.
De nouveau, je découvris de nombreux ossements, mais, à part quelques rats, rien de vivant. Je fus soulagé lorsque cette lugubre inspection fut terminée. Je fixai alors les marches, me demandant ce que recelait l’étage supérieur.
Alice me jeta un regard attristé :
— Ça m’ennuie de te dire ça, Tom : ça ne va pas être facile de s’échapper par le tunnel, dans le noir. Et il y a toujours cet antrige. Il faut qu’on parte vite, avant de se retrouver sans lumière.
Elle avait raison. La chandelle était presque entièrement consumée. Nous serions bientôt plongés dans les ténèbres. Pourtant, je ne voulais pas partir ; pas si tôt :
— J’aimerais voir l’étage au-dessus. Juste un coup d’œil, et on y va.
— Fais vite, Tom ! Des prisonniers y étaient parfois conduits pour être questionnés. Si on n’en tirait rien, on les ramenait en bas, on les torturait, et on les laissait pourrir dans un cachot.
— Tu aurais dû chercher là-haut quand je te l’ai dit, intervint Mab. Ça nous aurait évité de perdre du temps.
Ignorant sa remarque, je m’approchai des marches. Alice me suivit, sans lâcher Mab. Toutefois, elle ne la tenait plus par les cheveux mais par le bras. Arrivé au sommet de l’escalier, je poussai la trappe avec précaution ; elle n’était pas verrouillée. Je pris une grande inspiration avant de la soulever, très lentement, à l’affût du moindre signe de danger. Et si je tombais sur un cercle de sorcières, prêtes à me sauter dessus ?
Je ne passai la tête dans l’ouverture qu’une fois la trappe complètement ouverte, levant la chandelle pour éclairer l’obscurité. Il n’y avait personne. Pas même un rat courant sur les dalles humides. Le long des parois de pierre un étroit escalier s’élevait en spirale. À intervalles réguliers, une porte de bois devait fermer un cachot. L’air était saturé d’humidité, les murs couverts de mousses verdâtres, de l’eau gouttait du plafond et rebondissait sur les dalles. Cette section de la tour était probablement encore souterraine. Je franchis la trappe et me dirigeai vers le nouvel escalier, invitant d’un geste Alice à me suivre.
— Je vais vite courir à chaque porte et regarder par les judas, lui dis-je. Si je ne les vois pas, nous partirons avant qu’il soit trop tard.
— On est venus jusqu’ici, autant aller au bout, maintenant, déclara Alice, dont la voix résonna dans le vide. De toute façon, ce sont les dernières cellules. C’est à l’étage supérieur qu’ils ont leurs quartiers d’habitation et leurs réserves de nourriture. Va ! Je reste ici et je surveille Mab.
Au moment où je m’élançais, il y eut une explosion lointaine, suivie d’un choc sourd, qui fit trembler les murs et les dalles sous mes pieds.
— On dirait que le bombardement a repris, constata Alice.
— Déjà ? m’écriai-je, stupéfait que les soldats se soient remis si vite à la tâche.
— Ils ont recommencé à l’aube, dit Mab. Un peu trop tôt pour nous. C’est ta faute, Tom. Tu m’aurais permis de leur prendre un peu de sang, ils auraient dormi plus longtemps.
— Laisse-la parler, me conseilla Alice. Monte ! Plus vite on partira d’ici, mieux ça vaudra.
Je n’avais pas besoin d’encouragement. Cependant, malgré ma hâte, je ne courais pas. Les marches étaient raides et, à mesure que je grimpais, le vide, à ma gauche, devenait impressionnant. Personne dans la première cellule. Avant que j’aie atteint la suivante, il y eut une autre explosion ; les murs et le sol vibrèrent de nouveau. Un deuxième boulet avait frappé la tour.
Ce n’est qu’à la porte de la troisième cellule qu’il me sembla entendre un bruit. Des pleurs d’enfant. Ceux de la petite Mary ?
— Jack ! Ellie ! appelai-je. Vous êtes là ? C’est moi, Tom !
L’enfant cessa de pleurer. Quelque chose bougea dans le cachot. Je perçus un froissement de jupe et le claquement de souliers sur les dalles. Puis un visage apparut derrière les barreaux du judas. D’abord, je ne le reconnus pas : des cheveux hirsutes, des joues hâves, des yeux rouges et cernés. Mais, pas de doute, c’était bien elle.
Ellie.